mercredi 13 novembre 2013

Les filles aux parents lesbiennes sont 45% moins susceptibles d'obtenir un diplôme d'enseignement secondaire

Selon une nouvelle étude publiée dans Review of the Economics of Households (revue de l'économie des ménages), les enfants élevés par des parents mariés de sexe opposé sont plus susceptibles d'obtenir leur diplôme d'études secondaires que leurs pairs dont les parents vivent en concubinage, ceux aux parents isolés ou ceux de même sexe.

Ce résultat confirme ceux de recherches effectuées ces dernières décennies sur les résultats scolaires des enfants et la structure de leur famille. Cependant, cette étude se démarque par la taille de son échantillon (20 pour cent du recensement canadien de 2006). Il utilise un corpus suffisamment grand et représentatif d'enfants (âgés de 17 à 22 ans) élevés dans des foyers de parents homosexuels. Jusqu'à ce jour, seules quatre études analysant trois ensembles de données aux États-Unis offraient des données similaires (deux en se basant sur le recensement américain de 2000, l'une sur l'Étude longitudinale sur la petite enfance, et une autre sur la Nouvelle Étude de la structure familiale).

La conclusion de cette enquête ayant donc comme base 20 % des Canadiens recensés en 2006 est pour le moins significative. Les enfants ayant grandi au sein de foyers gays ou lesbiens sont 35 % moins susceptibles d'obtenir leur diplôme équivalent au D.E.C (baccalauréat en France) par rapport à ceux élevés dans une famille avec un père et une mère mariés. Et parmi les enfants de foyers homosexuels, les filles s'en sortent encore nettement moins bien que les garçons.

L'étude a été menée par Douglas W. Allen et publiée le 10 octobre par la Review of Economics of the Household. Elle a identifié les personnes qui se déclarent elles-mêmes comme élevées dans un foyer homosexuel au sein de cet échantillon de 20 % de la population recensée en 2006, suffisamment grand pour distinguer le statut matrimonial, les différences selon le sexe des parents et celui des enfants qu'ils élèvent.

Les données canadiennes présentent plusieurs avantages par rapport aux échantillons américains pour étudier le sujet, notamment :
— Au Canada, les avantages fiscaux et sociaux sont disponibles aux couples de même sexe depuis 1997 et la loi canadienne reconnaît le mariage homosexuel depuis 2005.

— Les enfants s'identifiaient d'eux-mêmes comme vivant avec des parents de même sexe.
Plus précisément, l'étude se penche sur la probabilité d'obtenir un diplôme d'études secondaires. Il identifie six types de famille : marié de sexe opposé (ce qui peut inclure des parents remariés), le concubinage hétérosexuel, les parents homosexuels mâles (deux pères, mariés ou en union civile), les parents lesbiens (deux mères, mariées ou en union civile), les mères célibataires et, enfin, les pères célibataires. Elle prend également en compte des caractéristiques importantes des enfants et des parents.

En somme, l'étude constate que, par rapport à leurs pairs vivant avec des parents mariés de sexe opposé (taux de référence à 100 %), les enfants élevés par des pères homosexuels avaient moins de chances d'obtenir un diplôme d'études secondaires (69 %) et que ceux qui vivent avec des parents lesbiens encore moins (60 %). Cependant, la différence entre les enfants de parents mariés de sexe opposé et ceux qui vivent avec des parents lesbiens n'était pas statistiquement significative (c'est-à-dire que l'étude ne permet pas d'exclure avec un degré de certitude statistique suffisamment grand la possibilité que la différence observée dans ce cas particulier s'explique par le hasard et pas nécessairement par de réelles différences).

Fait intéressant, à la fois le sexe des enfants et celui des parents semblent avoir de l'importance. Lorsque l'étude a examiné les garçons et les filles séparément, il a constaté que les filles qui vivent avec des parents lesbiens étaient 45 pour cent moins susceptibles d'obtenir leur diplôme que celles qui vivent avec des parents mariés de sexe opposé et que les filles qui vivent avec des pères homosexuels étaient 15 pour cent moins susceptibles de l'obtenir.

Les niveaux de fréquentation scolaire n'expliquent pas pourquoi les enfants vivant avec des parents mariés de sexe opposé avaient plus de chances d'obtenir leur diplôme. En outre, l'étude tenant compte de l'état d'invalidité des enfants et si elles sont de la même race que leurs parents, elle explique en partie la nature de la relation enfant-parent, par exemple, si les enfants sont adoptés.

Ces nouvelles données fondées sur des échantillons solides renforcent la recherche actuelle : le bien-être des enfants est lié au type de famille, à la stabilité de ce foyer et aux caractéristiques des parents. Ces résultats ne permettent pas d'affirmer qu'il n'existe « aucune différence » perceptible dans les résultats chez les enfants soumis aux nouvelles structures familiales. Non, les enfants tendent à mieux réussir quand ils sont élevés par leur père et mère biologiques.

Le chercheur, professeur d'économie à la Simon Fraser University, a répondu aux questions de MercatorNet pour rendre compte de sa méthode et de ses résultats :

MercartorNet — Qu’a permis de découvrir votre étude sur l’issue du parcours scolaire des enfants de couples de même sexe par rapport aux enfants de couples de sexe opposé ?

Doug Allen — On compte sur les quinze dernières années quelque 60 études posant la question de savoir si « l’évolution des enfants est différente pour ceux élevés dans des foyers de même sexe ». La quasi-totalité de ces publications est marquée par les caractéristiques suivantes : les échantillons sont minuscules et penchent dans une même et seule direction, les mesures des résultats sont subjectives et difficiles à reproduire, et le résultat est toujours qu’il n’y a « pas de différence ».

Malgré la validité scientifique limitée de ces études, elles aboutissent toutes à des recommandations politiques d'importance. Il ne s’agit pas véritablement de littérature scientifique, mais d’une littérature politique qui a pour cible les juges, les juristes et les hommes politiques.

Puis il y a eu un papier de Michael Rosenfeld, publié par Demography en 2010. Cet article s’appuie sur un grand échantillon aléatoire et étudie le parcours scolaire normal aux États-Unis. Il s’agit, à mon avis, du premier travail statistique solide sur la question ; l’auteur confirme le résultat « pas de différence ». Par la suite, Joe Price, Catherine Pakaluk et moi-même avons reproduit son étude – et découvert deux problèmes.

Premièrement, il n’a pas trouvé « aucune différence ». Ce qu’il a trouvé, c’est beaucoup de bruit, il a donc été incapable de faire une distinction statistique entre les enfants de foyers homosexuels et ceux issus de n’importe quel autre type de foyer – y compris ceux dont nous savons qu’ils ne sont pas bons pour les enfants.

Deuxièmement, le manque de précision de ses estimations vient du fait qu’il a décidé de ne retenir aucun enfant n’ayant pas habité au même endroit pendant cinq ans. Un facteur qui s’est révélé très fortement corrélé avec la vie au sein d’un foyer homosexuel. Il a ainsi sans y faire attention écarté la plupart des foyers homosexuels de son échantillon. Sans cette information, il n’avait pas le pouvoir statistique de distinguer parmi les différents types de familles.

Ainsi donc, mes deux collègues et moi avons restauré l’échantillon et utilisé la technique statistique du contrôle de la stabilité du foyer. Nous avons découvert que les enfants de foyers homosexuels avaient 35 % de risques supplémentaires de ne pas réussir une année.

Pendant que nous travaillions là-dessus, j’étais aussi en train d’utiliser le recensement canadien pour me pencher sur d’autres questions. J’ai remarqué plusieurs choses qui le distinguent du recensement des États-Unis. Premièrement, et contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, le recensement canadien identifie lui-même les couples de même sexe. Cela permet de résoudre un gros problème par rapport au recensement américain qui peut inclure des colocataires, les membres d’une même famille, les couples de sexe opposé comme les couples de même sexe.

Deuxièmement, le recensement canadien fait un lien bien pratique entre les enfants et les parents, ce qui permet de contrôler le niveau d’éducation des parents et leur statut matrimonial. De mauvais résultats à l’école sont corrélés avec les ruptures maritales des parents, il s’agit donc d’un contrôle important. De bien des manières, donc, le recensement du Canada offre un bien meilleur ensemble de données pour évaluer cette question, et j’ai donc décidé de tout simplement refaire l’étude Rosenfeld en les utilisant. (Le recensement ne rend pas compte de l’évolution au long du parcours scolaire, au lieu de celle-ci j’ai donc examiné les taux de réussite à l’examen final d’études secondaires.)

Qu’ai-je trouvé ? D’abord, j’ai tout simplement regardé comment n’importe quel enfant dans un foyer gay ou lesbien réussissait par rapport aux enfants vivant auprès de parents mariés ou concubins ou d’un seul parent. La partie la plus longue de l'étude compare les enfants de foyers de même sexe à des enfants vivant auprès de parents mariés, mais le lecteur peut faire toutes les comparaisons en regardant les tableaux.

J’ai constaté qu’en moyenne les enfants de foyers de même sexe ont à peu près 65 % de chances d’obtenir leur diplôme de fin d’études secondaires par rapport à des enfants similaires vivant dans un foyer de parents mariés. C’est un résultat qui semble très voisin de celui que nous avons trouvé aux États-Unis pour le progrès normal. Ensuite, je me suis demandé si la composition des échantillons avait une incidence et j'ai donc distingué garçons et filles. J’ai été très surpris par les résultats.

Côté garçons, j’ai surtout trouvé du bruit. Certains garçons ont de bons résultats, d’autres ont de très mauvais résultats. Je ne peux pas statistiquement en déterminer l’effet.

Si l'on n'examine que les estimations ponctuelles, les garçons dans des foyers lesbiens ont 76 % de chances d’obtenir leur diplôme, et dans les foyers gays ils ont 60 % de chances d’obtenir leur diplôme. Mais aucun de ces chiffres n’est statistiquement significatif, ce qui veut dire qu’on ne peut pas les distinguer de zéro.

Pour les filles, c’est une autre histoire. D’abord, les estimations sont très précises. Et deuxièmement, elles sont très basses. Une fille au sein d’un foyer gay a une probabilité de 15 % d’obtenir son diplôme ; dans un foyer lesbien le pourcentage atteint 45. Le résultat que l’on obtient en prenant la masse de tous les enfants est alimenté par l’effet fille. Et pour elles le résultat est très solide, j’ai essayé de nombreuses spécifications, des restrictions d’échantillon, et des techniques d’estimation, mais il demeurait.

Ainsi mon étude ne rejette pas seulement le consensus autour du « pas de différence », elle fournit un résultat qui – si d’autres études le confirment – semble incroyablement important.

— C’est particulièrement dur pour les filles, donc. Pourquoi ?

— Il est important de souligner que je ne fais aucune affirmation théorique dans cette étude publiée. Je ne fais que pointer une découverte empirique basée sur un grand échantillon de très bonne qualité, et qui ne confirme presque rien de ce qui a été affirmé auparavant.

Cela dit, en tant qu’économiste, j’envisagerais la supposition suivante : la spécialisation. Il me paraît raisonnable de considérer que les pères et les mères ne sont pas parfaitement interchangeables. En fait, il se peut que les mères apportent des services parentaux qu’un père ne peut apporter et que les pères fournissent des services parentaux que les mères ne peuvent apporter. Ces services pourraient bien être nécessaires aux filles, mais pas aux garçons.

Par exemple, des personnes dans le domaine médical m’ont affirmé que lorsqu’un père biologique est présent au foyer, les filles ont leurs premières règles plus tard. Et ce fait est corrélé avec une activité sexuelle plus tardive, etc., et cela peut résulter sur une plus grande chance de terminer son cursus secondaire.

Il me semble que cela peut se produire pour des dizaines de facteurs. En tant que père de deux filles et d’un garçon, j’ai souvent discuté avec d’autres parents en notant qu’il suffit de nourrir les garçons et de les éloigner des explosifs, alors qu’élever une fille est un peu plus compliqué. C’est de l’humour un peu facile, mais tout compte fait on a affaire à une question intéressante qui mérite d’être étudiée.

L’une des explications de la moins bonne réussite scolaire en général est que les enfants de couples de même sexe pourraient subir des discriminations à l’école. Cela paraît moins probable vu les différences de résultats entre garçons et filles. Ou alors il faudrait trouver une histoire de discrimination différente et plus compliquée.

— Voilà qui met la sagesse conventionnelle sens dessus dessous, n’est-ce pas ? La plupart des gens pensent qu’il n’y a pas de différence. Les études précédentes avaient-elles des défauts ?

— Je crois que j’ai répondu à cela plus haut. Mais je voudrais quand même signaler autre chose. J’ai lu chaque papier ou presque sur le sujet publié depuis 1995. Et bien que bon nombre d’entre eux assurent ne trouver « aucune différence », ils trouvent pourtant bien quelque chose. Une fois de plus, leurs résultats viennent d’un petit échantillon qui penche dans une direction, mais on trouve bien des différences. Par exemple, les enfants qui grandissent dans des foyers de même sexe ont plus de probabilités d’essayer des styles de vie alternatifs, etc.

Je dois aussi souligner que toutes les études ne sont pas créées égales. Ainsi, un sociologue australien nommé Sotirios Sarantakos a fait au cours des années 1990 un travail considérable qui, sans être aléatoire, utilise d’importantes études longitudinales de mesures de réussite objectives, vérifiables et certaines. Il aboutit à de nombreuses différences pour les enfants de foyers de même sexe en ce qui concerne les mathématiques, la langue et d’autres mesures de performance scolaire. Il est intéressant de noter que son travail n’est pas référencé dans la plupart des recensements d’études. Cela met aussi en évidence la nature politique de cette littérature.

— Vos conclusions se fondent sur les données du recensement canadien. Pourquoi sont-elles meilleures que celle des États-Unis ?

— J’ai déjà mentionné cela, mais je vais donner un peu plus de détails. Le recensement américain n’identifie pas les couples de même sexe selon qu’ils sont mariés ou concubins. Qu’est-ce qui a permis à Rosenfeld et les autres de les identifier ? Ils ont examiné une série de questions : par exemple, quel est votre sexe, êtes-vous marié, quel est le sexe de votre conjoint. Toute réponse homme / oui / homme a été considérée comme indiquant un couple homosexuel mâle.

Or, le problème est que ce type de déductions peut causer des erreurs de mesure. Supposez que je sois un homme marié, logeant un avec un autre homme dans un camp de travail (l’exemple peut paraître tiré par les cheveux, mais il est réel). Quand je réponds à l’enquête, je dis que je suis un homme, marié, vivant actuellement avec un homme. Et on peut me compter parmi les couples de même sexe alors que je n’en suis pas. La même erreur peut se faire à propos des membres de même sexe d’une famille vivant ensemble, à propos de camarades de chambre et d’autres.

Il y a aussi la question des erreurs aléatoires. Personne ne remplit parfaitement les formulaires, parfois on coche la mauvaise case. Parce qu’il y a un si grand nombre d’hétérosexuels par rapport aux gays et lesbiennes, il suffit d’une petite fraction de personnes âgées qui cochent la mauvaise case pour leur sexe pour envahir l’échantillon de couples de même sexe. Le recensement canadien évite ces problèmes. Il ne se contente pas d’identifier les couples de même sexe, ils doivent être dans une relation de cohabitation ou de mariage.

Le Canada avait, par ailleurs, légalisé le mariage de couples de même sexe avant le recensement. Beaucoup sont d’accord pour dire que le Canada est plus ouvert et accepte mieux le mariage de même sexe. Résultat, la tendance à l’erreur dans la déclaration de données est probablement plus basse qu’aux États-Unis.

Pour finir, comme je l’ai dit plus haut, j’ai été en mesure de contrôler l’histoire maritale des parents. Cela se révèle également important sur le plan statistique, et dans mon papier je montre ce qui arrive lorsque ce point n’est pas contrôlé. Les enfants vivant dans des foyers de même sexe ont de bien plus grandes chances de provenir d’un mariage hétérosexuel antérieur que de l’adoption ou d’autres moyens. Cependant, le divorce réduit la probabilité de réussir son cursus scolaire. Si vous ne contrôlez pas cet effet, les enfants de foyers de même sexe réussissent encore moins bien au moment de l’examen final. C’est donc une variable importante à prendre en compte.

—Votre étude prouve-t-elle de manière définitive qu’il n’y a pas de différence ? Quelles questions soulève-t-elle ?

— En admettant qu’elle ne comporte pas d’erreur, elle invalide l’affirmation selon laquelle il n’y a « pas de différence ». Je pense à titre personnel qu’en sciences sociales nous ne devons jamais donner trop de poids à une étude donnée. Il est important que nous regardions les faits en provenance de différents pays, etc. Je dirais que cette étude se superpose à quelques autres qui remettent en cause un consensus longtemps partagé. L’examen des études publiées montre que ce consensus ne s’est construit que sur une série de travaux préliminaires. Depuis que des chercheurs ont commencé à étudier la question de manière plus sérieuse, nous ne trouvons plus de faits à l’appui de cette conclusion-là.

— Dans un domaine aussi controversé, pensez-vous que votre étude aura un impact sur le débat public ?

— Je n’en sais rien, mais je soupçonne qu’elle aura peu d’impact. Le débat semble s’être déplacé du bureau de statisticien aux slogans collés sur le pare-choc. Le concept d’« égalité du mariage » et l’alignement des droits au mariage de même sexe sur le mouvement pour les droits civils semblent tellement puissants que je pense qu’une petite étude ne pèsera pas beaucoup.

Si cette étude a un mérite, et si vraiment il existe une différence d’importance, il me semble bien plus probable que d’ici à 20 ans nous nous demanderons : « Comment en sommes-nous arrivés là et comment réparer les dégâts ? » – un peu de la même façon qu’aujourd’hui nous nous demandons comment nous avons abouti à un monde où tant d’enfants sont élevés par un seul parent.

— Le sociologue Mark Regnerus a publié un papier qui a abouti à la même conclusion l’an dernier et aussi bien ses collègues et que les activistes lui ont à peu près tout fait, si ce n’est le crucifier. Vous attendez-vous à une réaction semblable ?

— Avant la publication de son article, je ne connaissais pas l’existence du Pr Regnerus. Parce que je travaillais dans le même domaine que lui, j’ai immédiatement vu ce qui se passait. J’ai été frappé par l’hypocrisie de ceux qui l’attaquaient.

Voilà quelqu’un qui avait regardé les publications scientifiques et qui avait décidé de faire quelque chose de mieux. Il n’y avait que des échantillons minuscules, il s’est mis à la recherche d’un grand échantillon et l’a trouvé. Il n’avait trouvé que des résultats biaisés et de l'échantillonnage en boule de neige (le processus par lequel on demande à des amis de participer à une étude), alors il a décidé pour sa part d'adopter une procédure aléatoire. Il y avait auparavant beaucoup trop de questions complaisantes, alors il a posé des questions quantifiables. Il a essayé d’améliorer la recherche et cela mérite d’être salué.

Son étude était-elle parfaite ? Non – mais aucune ne l’est. Sa grande erreur, évidemment, fut de trouver la mauvaise réponse. Ses détracteurs qui se sont plaints en parlant de ce qu’il aurait dû faire auraient dû être tout aussi en colère contre ce qui avait été fait auparavant. Si Regnerus avait conclu différemment, ils auraient applaudi sa recherche en la qualifiant de pionnière.

J’ai tendance à croire que cela ne m’arrivera pas pour nombre de raisons. Premièrement, après le commentaire sur Demography publié l’an dernier, mon université a reçu diverses lettres – envoyées au président, à plusieurs autres administrateurs, et à de nombreux collègues – demandant que je sois mis à la porte. C’était la même tactique qui avait été employée contre le Pr Regnerus.

Heureusement pour moi, je suis bien connu et respecté au sein de mon institution et nous avons une haute idée de la liberté intellectuelle des universitaires. J’ajouterai que l'université Simon Fraser a récemment été classée parmi les premières universités où l’on peut exprimer des idées qui peuvent être politiquement incorrectes.

Deuxièmement, mon étude ne considère qu’un aspect marginal des performances des enfants : le diplôme de fin d’études secondaires. Le Pr Regnerus en a évalué beaucoup et à plusieurs points de vue il a trouvé davantage de problèmes que moi.

Troisièmement, mon échantillon est un échantillon de 20 % du recensement du Canada. Personne ne peut m’accuser d’avoir un petit échantillon partisan ni prétendre que l’agence chargée de le collecter n’est pas digne de foi.

Quatrièmement, le Pr Regnerus était le premier, et je pense qu’être le premier expose bien plus à essuyer le feu.

Cinquièmement, la Cour suprême des États-Unis a déjà pris une décision sur la proposition 8 et sur DOMA (Defense of Marriage Act), et ainsi les plus fortes incitations aux attaques ne sont plus d’actualité.

Cela dit, j’ai effectivement été attaqué, et j’aimerais relayer un incident qui s’est produit.

La semaine dernière j’ai reçu un courriel de David Badash, rédacteur en chef de The New Civil Rights Movement, un site de premier plan pour ce qui est des droits homosexuels. Il m’écrivait qu’il avait entendu parler de l’étude et n’en était pas heureux, mais qu’il voulait m’en parler avant d’écrire un article sur celle-ci. Je répondis, lui envoyai une copie et l’invitai à me poser toutes les questions qu’il voudrait sur ce travail.

Lundi en arrivant au bureau, j’ai trouvé nombre de courriels hauts en couleur m'affublant de toutes sortes de noms d’oiseaux. J’ai vite compris qu’ils venaient de personnes qui avaient lu un message sur le carnet de M. Badash.

Alors je suis allé voir. J’y ai trouvé un mélange d’attaques ad hominem, de contresens et de représentations erronées de mon travail et de mesquinerie généralisée. À l’exact opposé de ce que j’ai toujours cru qu'un vrai débat public devait être.

Alors, je suis peut-être naïf ; peut-être les attaques viendront-elles. Quiconque veut lire mon travail y est cordialement invité et je suis prêt à en discuter de manière raisonnable avec quiconque.

Voir aussi

Mark Regnerus — l'université du Texas le blanchit et défend son étude alors que Social Science en publie une autre

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1 commentaire:

Et quoi encore ? a dit…

Très instructif, cela ne m'étonne pas.

Vous faites un super boulot. C'est une véritable bouffée d'air frais en venant ici : du sérieux et de l'original qui nous change de l'air vicié des médias conformistes et militants québécois.